Vols habités : l’ESA a fait le choix de la coopération internationale

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À la suite du vol habité de SpaceX, le directeur d’Arianespace et le directeur général de l’Agence spatiale européenne ont déclaré que l’Europe devrait développer ses propres vols habités au départ du Centre spatial guyanais. Didier Schmitt, coordonnateur de la proposition pour le Conseil ministériel de l’ESA pour l’exploration robotique et humaine, nous explique la position de l’Agence spatiale européenne.

Le lancement historique de la capsule Crew Dragon de SpaceX avec, à son bord, deux anciens astronautes de la Nasa, à destination de la Station spatiale internationale relance le débat sur la nécessité de doter l’Europe d’un programme habité. Mais, comme l’explique Didier Schmitt, coordonnateur de la proposition pour le Conseil des ministres de l’ESA pour l’exploration robotique et humaine, « lEurope pourrait parfaitement acquérir une capacité autonome de vols habités, mais ce n’est pas la priorité ».

Aujourd’hui, le contexte géopolitique est à « la coopération internationale plutôt qu’au repli sur soi », ce qui explique le choix de l’ESA de « coopérer plutôt que développer sa propre infrastructure de transport spatial habité ». À cela s’ajoute qu’avec un budget environ quinze fois moindre que celui de la Nasa, le programme d’exploration de l’ESA ne « peut évidemment pas tout faire et doit faire des choix » dont cette « internationalisation du transport spatial habité » bien que l’Europe se soit illustrée dans ce domaine par plusieurs réalisations majeures telles que ARD, ATV, IXV entre autres. Il faut aussi garder à l’esprit que les budgets affectés aux vols habités le seraient nécessairement au détriment d’autres programmes.

Pourtant, une voie alternative fut explorée dans les années 1980 au travers du projet d’un avion spatial, Hermès, dont l’abandon en 1992, signa la fin de l’ambition européenne en matière de vol habité autonome. Lancé par Ariane 5, il aurait été capable de ravitailler en orbite la station autonome européenne Colombus, également abandonnée au profit d’un module scientifique qui sera amarré à la Station spatiale internationale. Depuis cette date, l’ESA a amorcé plusieurs programmes susceptibles de déboucher sur la réalisation d’un véhicule habité mais, aucun n’est arrivé à son terme. Le dernier en date, présenté lors du salon du Bourget 2009, prévoyait d’adapter l’ATV en véhicule de retour de charge utile (ARV) qui aurait ensuite préfiguré un véhicule habité.

L’actuel programme de recherche Horizon Europe, pour la période 2021 à 2027, est « figé et na justement plus de budget spécialement réservé au spatial ». Les programmes Copernicus (observation de la Terre des variables climatiques) et Galileo (navigation et de positionnement par satellite), qui rappelons le sont une référence mondiale dans leur domaine, « restent aujourd’hui la priorité de lUE ». Celle-ci se focalise sur les seuls programmes d’intérêts et de services aux citoyens tels que Galileo et Copernicus donc mais aussi Egnos, et sur la surveillance de l’espace (SSA) ainsi que sur l’accès à des télécommunications sécurisées par satellite (Govsatcom) pour les autorités nationales. Cela dit, la question des vols habités pourra de nouveau être débattue lors du prochain Conseil de l’ESA au niveau ministériel fin 2022.

 

L’Agence spatiale européenne ne s’interdit donc rien. Des études de prospectives « abordent cet aspect de l’exploration et, à l’avenir, tout est envisageable » et parmi les scenarii et les stratégies d’exploration à l’étude, figure le « lancement de vols habités depuis le centre spatial guyanais ». Une hypothèse jugée « techniquement crédible » et que pousse Arianespace, mais pour laquelle il sera nécessaire d’obtenir un très large consensus politique au sein des États membres de l’Agence spatiale européenne. Un consensus qui « sera difficile à trouver » et qui dépendra du niveau « d’indépendance dont veut disposer l’Europe dans ce domaine ». D’où la nécessiter de réaliser à intervalles réguliers « des études techniques à ce sujet afin de proposer des choix à nos décideurs le moment venu », conclut Didier Schmitt.

 

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